Du puits lachaud

Du puits lachaud English Springer Spaniel

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A la Rencontre d’ « Uncle Larry »Ecrit par Benjamin Basset

A la Rencontre d’ « Uncle Larry »Ecrit par Benjamin Basset

De nos jours, grâce à Internet, il n’existe plus de frontières pour communiquer avec qui que ce soit. En constatant l’essor des techniques et des accessoires venus des Etats-Unis, nous avons eu l’idée d’interroger un chasseur américain, fabricant d’appeaux, pour qu’il nous livre quelques secrets de fabrication mais aussi qu’il nous fasse partager un bout de sa vie de chasseur bien loin de notre hexagone. 


La Chasse : 


NCM : Pour commencer, présentez vous un peu.


Mon nom est Larry Ham, j'ai 59 ans, j’habite à Benton dans le Kentucky. Je suis chasseur depuis mon plus jeune âge. J’ai été guide de chasse pendant 20 ans. Malgré l’arrêt de cette activité, la chasse continue à rythmer mon existence. Depuis quelques années, j’ai ouvert une petite entreprise au sein de laquelle je fabrique et commercialise des appeaux. 


NCM : Comment êtes vous devenu chasseur?


Mon père était un chasseur de cailles reconnu et j’ai toujours aimé l’accompagner pour le challenge que représente cet oiseau ici aux USA .Puis lors de mes études secondaires, un de mes copains chassait le gibier d’eau… je l’ai accompagné une fois, ce fut la révélation, la passion d’une vie, je n’ai plus jamais arrêté.  


 NCM : Que chassez vous, quand et comment?


De mi Avril à mi Mai, je chasse le dindon dans ma région puis les tourterelles au mois de Septembre. Dans le Kentucky la saison commence autour de « Thanksgiving » et court jusqu'à la fin Janvier. Nous chassons localement, autour de deux grands lacs et d'un refuge faunique, mais surtout sur des cours d’eau et des petites mares. Les espèces les plus rencontrés sont les carolins, colverts, siffleurs, chipeaux, pilets et sarcelles d'hiver (Caroline).


Je commence la saison au gibier d’eau par un voyage dans le Dakota, chaque premier jour d’Octobre. Là bas, la chasse commence beaucoup plus tôt en raison de sa position géographique plus au Nord. La technique la plus efficace est de se mettre « au sac » dans les champs de céréales.


Malgré un certain attrait pour les dindons, la chasse à la sauvagine est celle que je préfère et de tous les oiseaux d'eau, c’est la Bernache du Canada qui me fascine le plus.


Par contre, je suis moins sur le terrain que quand j’étais guide. Ce fut vingt années de chasse au gibier d’eau pendant 50-60 jours d’affilée puis j’enchainais sur ma saison personnelle. Maintenant, je traque le dindon sauvage en général trois semaines par an, le cerf de Virginie pendant 10-12 jours, une vingtaine de  sorties aux canards et aux oies et puis écureuils, tourterelles, lapins, cailles à l’occasion quand j'ai le temps. A part en été, où par dépit, je pêche il y a toujours une bonne raison de sortir.


 


NCM : Comment fonctionne la chasse au gibier d’eau dans le Kentucky ?


Nous chassons autour et au sein d’un espace protégé appelé refuge de la faune du comté de Ballard. Cet endroit est aménagé pour accueillir les canards et surtout les oies, mais il y a un grand nombre de cerfs de Virginie, cailles, lapins, écureuils, et dindons sauvages. Il abrite


généralement 100.000 canards de toutes espèces, 3.000 oies du Canada, 75.000 oies des neiges, et 20.000 oies rieuses. C'est un bon endroit pour voir un grand nombre d'oiseaux d'eau différents en une seule journée. Il y a autour de chez moi 5-6 de ces refuges. Ce mode de fonctionnement est très répandu dans notre pays. Nous travaillons pour essayer de sauver et de conserver les oiseaux aquatiques et les zones humides par la chasse et grâce à la chasse (Ducks Unlimited). Le meilleur exemple est certainement en Amérique du Nord où se trouve la plus grande étendue de prairies dans le monde, couvrant près de 1 millions de miles carrés. Connu simplement sous le nom « Des Grandes Plaines », cette vaste zone est le lieu de nidification favori des canards dans cette partie des USA. 


NCM : Chassez vous seul ou en groupe ? 


Déjà, pas de chasse sans chien. Actuellement, j’ai un labrador d’un an nommé « Rollie ». Il est venu avec moi lors d’un de mes voyages cette année mais il a encore besoin de dressage pour être totalement efficace. Sinon, il est évident que je préfère être accompagné mais seulement par des gens de confiance. Un groupe restreint de 4 ou 5 personnes suffit à mon plaisir. J’aime chasser avec eux car ils sont performants et chaleureux puis ils m’aident beaucoup pour mes appeaux. Notre amitié ne laisse aucune place à l’envie et aux jalousies. La passion ainsi partagée entre gens qui s’aiment et se respectent est un bonheur au quotidien. 


NCM : Quel est la journée type d’un chasseur de canards dans votre région ?


Cela dépend de la situation et des envies de chacun. Sur la zone où je guidais il y avait des centaines de milliers de Bernaches, donc nous chassions du lever du jour au coucher du soleil et ce du premier Décembre au 31 Janvier avec près de 8000 formes. Comme nous venions tous les jours, celles-ci restaient évidemment sur place. Maintenant, je ne chasse principalement que le canard donc tout a bien changé. Je me lève aux alentours de 04 heures pour être au parking de la chasse 01 heure plus tard avec mes amis. Il ne nous faut qu’une demi-heure pour nous installer. Dans l’eau nous mettons des formes classiques flottantes, une quarantaine de colverts et 12 oies. Sur la berge, il vaut mieux mettre des « Full Bodies » (Magnums). En général on en dispose 12 de chaque. Pour donner du mouvement aux formes flottantes, j’ai pour habitude de mettre 3 ou 4 blettes mécaniques qui donnent du mouvement à l’eau. Les ondulations rendent le piège beaucoup plus vivant et naturel. Même si nous restons toute la journée, les meilleurs moments se situent entre 06h15 et 16h30. Pour vous donner un ordre d’idée de ce que l’on tue, l’an passé notre prélèvement fut de 250 canards, 15 Bernaches, 3 oies des neiges et une oie bleue. 


Vous et les « calls »! 


NCM : Comment vous est venue l’idée de fabriquer des appeaux?


Au bout d’un moment j’en ai eu assez de dépenser des grosses sommes pour acheter des soit disant bons appeaux qui au final ne sonnaient pas convenablement. J’ai vite compris que je perdais beaucoup d’argent car en plus du coût initial, il fallait que j’achète du matériel pour les modifier afin qu’ils soient utilisables. Alors, j’ai décidé de fabriquer mes propres outils sur mesure ! J’ai trouvé les premiers résultats intéressants et prometteurs donc je me suis amusé à en fabriquer quelques uns dans un but commercial. J'ai passé 2 ans à faire des tests avant que de commencer à essayer de les vendre à des amis et à la famille. 


NCM : En quoi vos appeaux à canards / oies sont-ils différents des autres?


Tous mes appeaux sont faits à la main à partir de blocs de bois bruts de différentes essences que je travaille tout simplement au couteau et au ciseau. Une fois le bois formé, je découpe des morceaux de Mylar pour faire les anches et j’ajuste le son à ma convenance. Ceux en acrylique sont des reproductions exactes de mes appeaux en bois car j’ai conçu le moule à partir d’un de ces calls. J’effectue la gravure qui me plait au Laser et comme toujours je finis en réglant la tonalité au plus juste !


Mes appeaux sont différents des autres car ce sont tous des pièces uniques. Chaque objet qui est en vente représente 4 à 6 heures de travail alors que tous les appeaux de grandes marques sont produits à la chaîne…Je veux que tout soit parfait avant expédition question d’éthique et d’amour de la chasse.


La grande différence se situe aussi dans le prix. J’ai voulu qu’ils soient accessibles à tous car j’aime la chasse avec les «calls » et je veux donc que tout le monde puisse chasser avec un super appeau. 


NCM : Vous effectuez donc des tests avant la commercialisation?


Bien sur. Déjà je chasse avec donc ils me suivent partout. Je fais plus que les tester, je les règle avant de les mettre en vente ce qui est un peu inutile car chaque chasseur fait ses propres réglages. De plus mon équipe me fait des rapports détaillés sur le son, la longévité et la durabilité esthétique de chaque appeau. 


NCM : Parlez nous de votre entreprise…


« Let 'em’Lite »  a vu le jour il y a 12 ans mais je n’ai commencé à commercialiser mes produits que deux années plus tard. Le nom provient d’un club de chasse que j’ai dirigé et au sein duquel je ne laissais pas les chasseurs tirer tant que les canards n’étaient pas au plus prêt. Même si beaucoup en prenaient plein les yeux et appréciaient ma façon de faire d’autres par contre pour se moquer nous ont surnommé le «Let’em Lite club». Ma devise est «Call em close with Let’em lite calls » (Traduction approximative: Appelez jusqu’au bout avec des appels légers ou discrets). C’est une toute petite entreprise. Je n’ai qu’un vendeur mais ma famille m’aide beaucoup.


 


NCM : Vendez vous autres choses que des appeaux à canards?


Oui effectivement. Déjà, j’ai une belle gamme de « calls » pour les oies car ici c’est le marché le plus répandu. Je fabrique également des appeaux pour les dindons, les corvidés, les prédateurs et les chevreuils. Je commercialise aussi des vêtements (casquettes, t-shirts…) avec le logo de la marque. Pour les « addicts », je vends aussi des portes clés et des pendentifs en forme d’appeaux. 


NCM : Faites-vous des concours comme cela est répandu aux USA ?


Personnellement Non ! Je fais des appeaux pour les chasseurs pas pour faire des démonstrations. Par contre j’ai quelques amis qui s’amusent à participer à ses concours et ils s’en sortent très bien. 


NCM : En France, nous connaissons les grandes marques. Que pensez-vous de Zink, Foiles, Buck Gardner, RNT ... .... ?


Ces gars-là sont tout simplement des gens ordinaires qui ont gagné un championnat majeur de « calling ». Du coup ils utilisent leur nom pour faire du commerce. Les chasseurs pensent qu’en achetant un appeau conçu par un grand nom, ils vont pouvoir sortir les mêmes sons que les champions…c’est possible mais pas évident. Par contre, je les ai tous souvent croisé sur des salons et je peux dire que ce sont des gens formidables. 


NCM : Que connaissez-vous de la France ?


Pas grand-chose car je n’y suis jamais allé. Je ne connais donc que quelques banalités télévisuelles. Mais je pense que c’est un charmant petit pays surtout depuis que je sais qu’on y chasse le canard avec autant de passion qu’aux Etats-Unis. 


Un grand merci à Larry Ham pour avoir partager avec nous son savoir et sa passion. On peut ressentir à travers ses réponses tout l’amour qu’il porte à la chasse et aux chasseurs. 


Encadré : Gamme d’appeaux Colverts et Test:


J’ai testé les appeaux de Larry Ham : 


*TIMBER MASTER: C’est un appeau double anches au son incroyablement réaliste. Nasillard à souhait, il est voué à être utilisé dans des milieux fermés (petite mare, rivières). Il sera efficace à la passée du soir mais aussi pour la finition (Quack et feeder). En résumé, c’est l’appeau idéal pour les endroits ou il faudra privilégier le réalisme à la puissance. Il manque d’écho mais la douceur de ses appels caresse le gibier et le met en confiance. 


*MRS. H : A mon sens, voilà le bijou de la marque. L’appeau passe-partout. Son réaliste, belle puissance, bon écho ! Je n’arrive pas à lui trouver le moindre défaut ! C’est évidemment un double anche mais il allie la puissance d’un single Reed et la précision d’un Timber. Simplisssime d’utilisation. Il est tout simplement incroyable ! L’essayer c’est l’adopter ! Il ne se bloque quasiment jamais à cause de la salive et permet vraiment de reproduire toute la gamme d’appels. 20/20. 


*FIELD MASTER : Appeau double anches conçu pour les milieux ouverts et la chasse dans les champs…Plus puissant que le « MRS H » mais légèrement moins réaliste. Il peut-être utile sur les grandes pâtures ou pour les chasseurs du DPM qui ne souhaitent pas passer aux appeaux simple anche. 


*SINGLE SUSIE : La puissance à l’état pur ! Mais qui dit puissance dit forcément perte de réalisme et de justesse. Il permet de reproduire tous les chants de la cane colvert mais comme tous les « single reed » il n’est pas facile à maîtriser. Je le conseille seulement aux utilisateurs expérimentés. 


Pour résumer, les appeaux « Let-Em-Lite » sont des outils haut de gamme. J’en ai à présent toujours deux sur moi car on ne sait pas ce qui peut arriver (casse, perte, blocage) mais aussi parce que je reste longtemps sur le terrain. Personnellement, mon choix s’est porté sur un Timber que j’utilise à la passée du soir et pour rassurer les canards que je sens très méfiants et un Mrs H que j’utilise généralement tout le jour tant il sait allier puissance et précision.